La Vie est belle, le monde pourri
Ca a beau être le titre d’une chanson de Manu Chao, elle résume à la perfection ma vision du monde (et peut-être celle de beaucoup d’entre vous).
Je suis expatriée en Suède, un pays où il fait bon vivre. J’habite en compagnie de Monsieur et nos deux chats. Je suis entourée de personnes passionnantes. Je me lève chaque matin sans le besoin de survivre mais juste exister. Bref, hormis les problèmes créés par ma névrose dévorante, je peux le dire haut et fort : ma vie est belle.
Seulement, à peine sortie de ce petit cocon de bonheur, dès le premier site d’information consulté, dès les premières notifications lues sur mon smartphone, le monde lui prend une teinte sinistre et terrifiante. Réchauffement climatique, pandémie, guerre … le cocktail explosif parfait pour vous faire sombrer dans les abîmes du mal-être et faire réaliser à quel point le monde lui, contrairement à votre quotidien, est pourri.
Il faut avouer que nous ne sommes pas vraiment aidés à avoir une vision plus positive du monde. Les médias semblent rivaliser pour savoir qui aura l’info la plus désastreuse à communiquer et donc faire exploser l’audimat (nous sommes tout aussi coupables qu’eux d’être à ce point attirés par le drame). Ne parlons même pas des chaînes d’information en direct qui passent la moindre actualité au peigne fin (avec toute la subjectivité qu’on leur connaît) et leurs bandeaux d’info tous plus dramatiques les uns que les autres.
Personnellement je n’ai jamais été aussi déprimée par l’actualité que pendant la pandémie et la guerre en Ukraine. Avec un matraquage médiatique plus négatif et anxiogène tu meurs. On comprend que ça n’aide pas à avoir foi en l’humanité et l’espoir en un avenir meilleur.
C’était pas mieux avant
Vous aussi vous l’avez entendu ce « c’était mieux avant », phrase généralement marmonnée par une personne âgée ou lancée, tel un défit au présent, par quelqu’un qui est nostalgique d’une époque qu’il/elle n’a jamais vécu (époque dans laquelle il/elle entasse tous ses fantasmes d’une vie meilleure) ?
Quand on y réfléchit bien ce n’est que ça, un fantasme ou la nostalgie d’une période plus simple (généralement l’enfance ou l’adolescence, pour celles et ceux qui en ont eu des heureuses).
Mais détrompez-vous ! Et prenons l’exemple de la mamie qui habitait au bout de ma rue, en France. C’est bien la seule personnage âgée que je connaisse qui déteste le passé. Elle a voulu faire des études, mais vivant à la campagne, impossible de laisser la ferme des parents, il a fallu se mettre au boulot (adieu rêves d’émancipations, de connaissances et d’un avenir meilleur). Il fallait se trainer à pieds des kilomètres pour atteindre la ville la plus proche. Il n’y avait qu’un seul téléphone pour tout le village, dans une petite usine ultra bruyante où on entendait rien. Pas ou très peu de contraception. Une vie de labeur qui ne fait pas rêver. La place de la femme dans la société de l’époque qui ne fait franchement pas envie. Et je peux encore vous citer bien d’autres de ses arguments contre le passé.
Donc finalement, lorsqu’on remet les choses en perspective. C’était pas mieux avant.
Factfulness -factualité
Là c’est le moment où vous vous demandez : « mais où elle veut en venir avec tout ça ? » Et bien au livre qui nous intéresse aujourd’hui : Factfulness (traduit comme factualité en français).
Son écriture a été dirigée par Hans Rosling, en coopération avec son fils et sa belle-fille. Il remet en perspective notre monde, nous aide à mieux l’analyser avec les bonnes données et à nous apercevoir qu’on en a fait du chemin depuis des siècles et des siècles d’existence.
Voici un livre sur le monde, et sur ce qu’il est réellement. C’est aussi un livre sur vous, parce qu’il montre pourquoi vous […] ne voyez pas le monde tel qu’il est. Il montre ce que vous pouvez faire pour changer la situation, et comment [après sa lecture] vous vous sentirez plus positif, moins stressé et plus optimiste.
Factufulness – Hans Rosling
Mais qui est (ou plutôt était, il nous a quitté en 2017) Hans Rosling ? C’était un expert en santé publique suédois reconnu dans le monde entier. Il a participé à de nombreuses conférences pour des entreprises publiques et privées, des TED Talks où il promouvait les mêmes enseignements : une compréhension plus nuancée de l’état du monde, basée sur des preuves tangibles.
Factufulness a été écrit alors que Rosling était atteint d’un cancer incurable du pancréas. Il s’agit donc de son dernier message à l’humanité, ou comme il le dit lui même :
Ce livre est la dernière bataille que je livre contre l’ignorance mondiale et ses ravages.
Factfulness – Hans Rosling
En 10 chapitres, Rosling définit la factualité. C’est un terme valise qui encapsule un raisonnement prônant l’ouverture d’esprit et le bon sens.
Il nous fait prendre conscience de la vision trop négative que nous avons du monde, il nous explique pourquoi elle est à ce point biaisée (les médias, notre environnement, les nombreux stéréotypes qui nous sont véhiculés et que nous véhiculons), il nous donne les outils pour changer notre façon d’envisager le monde et l’avenir (où trouver les bonnes informations, s’ouvrir à des points de vue qui diffèrent du notre, ne pas avoir peur de changer d’avis) et surtout il nous montre l’état du monde à l’écriture du livre (2017) et ses prédictions quant à notre avenir (avec moults graphiques, données et son expérience personnelle).
C’est une lecture vraiment très intéressante qui fait prendre conscience d’à quel point le monde n’est finalement pas si pourri que ça. Nous avons fait d’immenses progrès et continuons à en faire, les pays dits du « tier monde » commencent à s’enrichir et à voir leur vie s’améliorer.
C’est une lecture qui rassure et qui donne espoir en l’avenir.
Tout va bien dans le meilleur des mondes ?
La réponse à cette question est : non, tout ne va pas bien dans le meilleur des mondes (désolée Leibnitz).
Factfulness ne gomme malheureusement pas le réchauffement climatique, la guerre, l’extrême pauvreté, les catastrophes naturelles … Mais il nous aide à rester optimiste et à garder espoir, en nous apprenant à exercer notre esprit critique, à garder la tête froide face aux informations dont on nous bombarde chaque jour, à repérer les « fake news », à trouver les données objectives pour pouvoir se construire un point de vue plus juste et dénué de subjectivité.
Grâce à cela nous serons capable de mieux gérer le stresse et l’anxiété dans notre quotidien mais surtout appréhender les risques et les problèmes majeurs, apprendre à les résoudre intelligemment et ainsi avancer dans la bonne direction : un monde meilleur et juste.
De nombreuses ressources sont citées dans le livre pour garder un oeil sur les nombreuses données qui analysent le monde :
https://www.gapminder.org/ : organisation à but non-lucratif qui se consacre à l’éducation et la lutte contre les idées fausses (fondée par Rosling)
https://www.gapminder.org/dollar-street : projet créé par Gapminder, son but est d’en finir avec les stéréotypes que l’on se fait du monde en présentant (en photos) le cadre de vie de centaines de personnes à travers le monde.
https://www.optimistdaily.com/ : une newsletter quotidienne composée d’une sélection de bonnes nouvelles provenant du monde entier, touchant de nombreux sujets (environnement, sciences, business, politique, éducation, la santé …).
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