Il y a des auteurs qu’on adore retrouver. Des auteurs dont nous attendons avec impatience une nouvelle publication, une nouvelle édition, une nouvelle traduction. Des auteurs qui à coup sûr vont nous transporter dans un univers que l’on adore. Pour moi cette auteure c’est Becky Chambers.

Dès les premières lignes de chacune de ses œuvres je sais que je laisse mon cerveau entre de bonnes mains. Des univers fort bien construits, des personnages vivants, émouvants et des histoires positives et inclusives.
Lire un de ses romans, c’est un peu comme rentrer chez soi, dans son intérieur que l’on connait par coeur, un endroit douillet, confortable où l’on se sent en sécurité.
C’est ça les univers de Becky Chambers : des mondes détaillés, cohérents, avec des histoires qui touchent, qui nous parlent et qui émeuvent, le tout enrobé de bienveillance.
Cette auteure, je l’ai découverte avec la saga Les Voyageurs. Quatre tomes qui nous emportent dans l’espace à la rencontre d’humains et d’aliens pour des aventures épiques, le tout dans une ambiance cosy. Chaque épisode raconte l’histoire de personnages différents, humains comme non-humains, dans des décors variés, le tout se déroulant dans le même monde.
Je me répète mais le world building – le processus de construction d’un univers de fiction (l’histoire du monde, sa géographie, son économie, les différents peuples/espèces qui l’habitent etc.) – de Chambers est maîtrisé à la perfection. Tout est très bien imbriqué, il n’y a jamais de longueur, tout est cohérent. Un vrai plaisir pour les amateur.rice.s d’univers complexes.
Les histoires sont quant à elles toujours bienveillantes. Avec sa plume inclusive Chambers réussit à parler de nombreux sujets (la cause LGBT, les relations enfants parents, la recherche d’identité; la sexualité etc.) avec finesse et justesse. Elle nous ouvre les porte d’un monde où tous sont acceptés et compris. C’est d’ailleurs la première auteure que je lis à aborder la sexualité avec une telle ouverture d’esprit. Une sexualité sans jugement, toujours consentie, entre adultes et appréciée. Et bon sang ce que ça fait du bien de se retrouver dans une bulle positive et optimiste comme ça.
Malheureusement (et je ne m’en remets toujours pas), la saga Les Voyageurs est terminée. Ca me chagrine beaucoup parce que j’adore vraiment cet univers et j’aurais aimé découvrir encore plein d’aventures dans l’espace. Mais sa seconde saga, dont je parle ci-dessous, est elle aussi un véritable plaisir de lecture.

Histoire de Moine et de Robot, reprend les codes de Chambers pour les appliquer à un univers différent. Toujours de la science-fiction, il s’agit ici de raconter un voyage initiatique, celui d’un moine et d’un robot. Deux êtres très différents, que tout semble opposé : l’un organique, l’autre métallique, l’un jeune, l’autre ayant vécu des centaines d’années, l’un connaissant tous les codes de la civilisation humaine, l’autre connaissant la nature comme sa poche.
Ce qui frappe le plus dans cette saga c’est la vision optimiste de l’auteure sur un futur où l’humain, bien qu’ayant détruit en bonne partie la planète (comme dans toute histoire post-apocalyptique qui se respecte), fait marche arrière et réussi à créer une civilisation utopique, où tous sont égaux, où la société est régie par l’échange et non le capitalisme. Un monde où l’Homme vie en harmonie avec la nature qu’il ne cherche plus à détruire ou à dominer.
Ce synopsis est le modèle même de l’un des sous-genres de la science-fiction : le solarpunk.
Dérivé du cyberpunk, le solarpunk encourage une vision optimiste de l’avenir à la lumière des préoccupations environnementales actuelles : réchauffement climatique, crise énergétique, inégalités sociales, surpopulation… C’est un genre nouveau qui a vu le jour en 2008. D’ailleurs, il ne s’arrête pas seulement à la littérature, mais s’étend aux arts graphiques, à l’animation et au cinéma.
Ainsi, dans Histoire de Moine et de Robot en plus de peindre une société idéale, Chambers réussit à parler de sujets sérieux et importants : la vision de l’étranger, l’inclusion et le rejet, la compréhension de l’autre et de soi. Le tout toujours traité avec bienveillance et respect, sans jugement.
C’est une lecture très agréable, qui redonne espoir, qui fait rêver, espérer. Finalement, avec une histoire qui semble, somme toute simpliste, l’auteure réussit à nous émouvoir et construit un univers apaisant qui appelle à la réflexion et à la contemplation.
Histoire de Moine et de Robot est une saga en cours qui se compose, pour le moment, de deux tomes. J’ai hâte de découvrir la suite !

Quand bien même j’adore les histoires difficiles et sombres, j’ai aussi besoin d’une bonne dose d’optimisme et d’espoir. J’ai besoin de rêver un monde où tout va bien, où les querelles se règlent avec un dialogue intelligent, où le capitalisme effréné laisse place à une société basée sur l’échange et l’entraide. Becky Chambers est mon “go to” quand il s’agit de trouver une lecture apaisante, bien construite et passionnante.
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