J’ai eu la chance de recevoir Lapin Maudit de la part des éditions Matin Calme, un recueil de 10 nouvelles écrit par Chung Bora, une auteure sud-coréenne dont je n’avais jamais entendu parler jusque là. Et même si les histoires ne m’ont pas toutes plu, cette lecture s’est révélée être une expérience et une découverte très intéressante.
Lapin Maudit – Tour d’horizon
Se plonger dans Lapin Maudit, c’est se plonger dans 10 nouvelles, 10 univers se passant soit dans un monde réaliste contemporain, soit dans un univers fictif au format de conte. Chaque histoire comporte des éléments fantastiques et/ou surnaturels qui créent une atmosphère étrange et angoissante.
Angoissante ? Les histoires de Chung Bora ne sont pas seulement parsemées de touches fantastiques, mais aussi d’horreur avec des fantômes, des malédictions, du suspens et de l’anticipation.
L’auteure n’est vraiment pas tendre avec ses personnages. Elle n’hésite pas à les mettre dans des situations terrifiantes, pénibles, allant jusqu’à les torturer ou les tuer, le tout dans une atmosphère crue et explicite à souhait, mais gardant toujours une certaine poésie et mélancolie dans sa plume. Le tout se mélange à merveille et crée une ambiance très particulière me rappelant énormément les histoires et l’aura des oeuvres du mangaka Junji Ito (des univers réalistes auxquels s’ajoutent des personnes ou êtres terrifiants transformant leur environnement et autres protagonistes de manières cruelles, violentes et crues).
On se retrouve donc face à une oeuvre vraiment étrange, à la fois fascinante et malaisante, le tout dans le genre du réalisme magique, un terme que je n’avais jamais entendu jusqu’à la lecture de ce recueil.
Réalisme Magique
Le réalisme magique a été introduit dans la première moitié du XXème siècle pour décrire des tableaux dépeignant un environnement réaliste et contenant des éléments magiques, surnaturels et irrationnels. Avec le temps il s’est étendu à d’autres formes d’art et notamment la littérature.
En fait, le réalisme magique cherche à dépeindre une réalité reconnaissable (comme c’est le cas dans les nouvelles du Lapin Maudit avec, notamment, une description de la vie quotidienne sud-coréenne) transformée par l’imaginaire (éléments surnaturels et/ou magiques).
Mon avis
Je l’ai divulgâché en introduction, mais je n’ai malheureusement pas accroché à toutes les nouvelles de ce recueil.
Celles que j’ai le moins apprécié sont les contes : Le Piège, Cicatrices et Le Maître des Vents et du Sable. J’ai beaucoup de mal en règle générale avec ce format (j’ai sans doute perdu mon âme d’enfant… tristesse). En cause ? Le style pompeux, enfantin, les répétitions et les morales que je n’arrive pas toujours à saisir ou qui sont juste abracadabrantes.
Ajoutons à cela le style de Chung Bora auquel j’ai eu un peu de mal à me faire. Et malheureusement je n’arrive pas à mettre exactement le doigt sur ce qui me dérange à ce point là dans son écriture. Je pense avoir été désarçonnée par le mélange de réalisme cru, comme par exemple les descriptions pointilleuses du système administratif dans la première nouvelle : Lapin Maudit et le style plus onirique, mélancolique de l’auteure.
Je me demande aussi à quel point la traduction joue à un rôle dans le rendu de cette oeuvre. Qu’on le veuille ou non, une oeuvre traduite n’est pas une oeuvre « originale », on perd toujours quelque chose, même minime, lors d’une traduction. Et comme je ne compte pas me mettre au coréen, je n’aurais jamais la réponse à cette interrogation.
Par contre, malgré ces quelques freins, ce recueil m’a fasciné. J’ai adoré l’imaginaire de l’auteure, ce mélange de réalisme, de surnaturel et d’horreur. Cette atmosphère crue et angoissante qu’elle arrive très bien à mettre en place. Cet imaginaire en question a su balayer le problème du style et totalement me happer. J’étais curieuse de savoir à quelle sauce Chung Bora allait cuisiner ses personnages et comment allaient se résoudre chaque histoire.
Conclusion
Cette lecture a été une grande première pour moi : première lecture de Chung Bora, première lecture d’un roman édité par les éditions Matin Calme et première lecture d’une oeuvre sud-coréenne ! Et malgré un style qui n’a pas su totalement me séduire, j’ai passé un moment très intéressant avec ce livre. Chaque histoire est très différente, l’auteure sait très bien se renouvelée.
Je suis passée par une gamme variée d’émotions, en passant par le dégoût (je pense en particulier à la nouvelle La Tête), l’étonnement, l’angoisse et l’émerveillement (là je pense à la dernière nouvelle du recueil et ma préférée L’éternel Retour, qui a touché une corde sensible et m’a totalement conquise).
Une découverte intéressante et étonnante !
ThomasBag dit
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